Le 1er mai 1909, à peine dix ans après son séjour dans la ville de Stavelot (été 1899), Guillaume Apollinaire fait paraître dans le prestigieux Mercure de France un long poème de trois cents vers, La Chanson du mal-aimé, qui sera repris dans son premier recueil Alcools  en 1913. Celui qui n’avait encore que vingt-neuf ans livrait là l’un de ses plus beaux textes, un « triste et mélodieux délire » évoquant sur le ton du regret son amour malheureux pour l’anglaise Annie Playden, avec un art qui fait la transition entre la poésie ancienne et celle qui s’annonce, et qui place ce long poème au seuil d’une modernité que le poète a grandement contribué à instaurer.

 

 

 

 

 

Le poème Le Pont Mirabeau est un extrait du recueil Alcools paru en 1913. Apollinaire y fait allusion à sa rupture avec Marie Laurencin, une peintre avec qui il eut une liaison, et au-delà évoque la fuite du temps semblable à l’eau qui s’en va. L’eau est un thème romantique et lyrique qui renvoie au passage du temps et à la fuite de l’amour.  Le pont Mirabeau (moderne pour l’époque de l’écriture du poème) est situé à Auteuil et fut emprunté par le poète lorsqu’il rentrait de chez Marie Laurencin.